Violences domestiques et éducation non violente : GRADEM outille des femmes et des jeunes filles des communes de Pelengana et de Sakoiba

Violences domestiques et éducation non violente : GRADEM outille des femmes et des jeunes filles des communes de Pelengana et de Sakoiba

Dans le cadre de la mise en œuvre de son projet intitulé « Renforcement de capacités sur l’éducation non violente, le leadership de 25 femmes et 05 jeunes filles rurales », le Groupe de recherche action droits de l’enfant Mali (GRADEM) organise du 21 au 23 février 2023 à Ségou, un atelier de renforcement des capacités de 25 femmes leaders dont 5 jeunes filles sur les conséquences des violences domestiques et l’importance des méthodes éducatives sans-violence.

La cérémonie d’ouverture était présidée par le directeur régional de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille de Ségou, en présence des maires des communes rurales de Pelengana, Mme Maman Bamba et de Sakoiba, Bakary Diarra; des chefs de villages de Djigo, de Kounkoun; des conseils des chefs de village de Fanzana, de MPeba; d’une conseillère du chef de village Sira et des points focaux développement et vie associative des deux communes.

Pendant trois jours, les participantes venues des villages de Djigo, Kounkoun, Fanzana, M’pèba (commune de Pelengana) et de Sirakoro (commune de Sakoiba) vont échanger sur les conséquences des violences domestiques et l’importance des méthodes éducatives sans-violence.
Les maires des communes rurales de Pelengana et de Sakoiba ont tous les deux exhorté les femmes à aller faire la restitution de l’atelier dans leurs villages respectifs.<< Nous demandons aux chefs de villages d’accompagner les femmes dans la lutte contre les violences domestiques et la promotion de l’éducation non violente. On peut éduquer son enfant sans le frapper >>, déclare Mme Maman Bamba, maire de Pelengana.

Selon le directeur exécutif du GRADEM, Antoine Akplogan, les enfants, les adolescentes, les femmes des différents groupes, classes sociales souffrent de différentes formes de discrimination et des violences basées sur le genre.
« Les inégalités du genre, le manque de pouvoir de décision ainsi que la situation économique et l’accès à l’éducation des filles, les rendent plus vulnérables face aux violences domestiques. Avec des conséquences comme un manque de confiance en soi, une difficulté de s’exprimer, un faible leadership. Ils manquent d’accompagnement approprié, et se résignent très facilement. La famille est le lieu où les enfants doivent se sentir aimer et protéger », indique-t-il.

« C’est dans le but de renforcer la capacité de ces femmes leaders et jeunes filles sur les violences domestiques et les méthodes éducatives sans violence que nous avons initié cet atelier », ajoute-t-il.
Quant au directeur régional de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille de Segou, il a réaffirmé l’engagement de son service à accompagner GRADEM dans la lutte contre les violences domestiques et la promotion de l’éducation non violente.
Des participantes se sont exprimées sur les difficultés des femmes à prendre la parole pendant des réunions avec les hommes.
Mah Diarra, participante de Djigo : « Chez nous, ce sont les hommes qui parlent et les femmes sont toujours d’accord avec ce que les hommes disent. Grace à ce projet nous allons comprendre comment exprimer nos préoccupations pendant les réunions avec les hommes ».
Djénèba Keita, participante de Djigo : « Pendant les réunions avec les hommes, les femmes ne parlent pas. C’est une tradition chez nous. Si la femme parle pendant la réunion, elle pourra se faire gronder par son mari à la maison. Nous avons nos préoccupations mais nous ne pouvons pas les dire ».
Kadia Coulibaly, participante de Djigo : « Entre nous les femmes, nous nous disons tout, mais pendant les réunions avec les femmes nous ne pouvons pas nous exprimer. Ce projet nous sensibilise sur l’importance de nous exprimer pendant les réunions avec les hommes. Nous participons aux rencontres de ce projet ».

Djeneba Kanouté, participante de Kounkoun : « Ce n’est pas facile pour nous de nous exprimer en public surtout là où les hommes sont nombreux. Quand tu parles tu peux avoir des problèmes à la maison. Dans notre société on nous dit clairement que les paroles des femmes ne sont pas prises en compte lors des réunions ».
Fatoumata Kanouté, participante de Kounkoun : « Auparavant les femmes ne s’exprimaient pas pendant les réunions avec les hommes. Mais les choses changent petit à petit, les femmes commencent à prendre la parole même si ce n’est pas très fréquent dans les villages. Nous voulons nous exprimer davantage pendant les réunions avec les hommes ».

Rappelons que dans chacun des 5 villages d’intervention de son projet, le GRADEM a mis en place une coopérative de développement, présidée par une femme, avec un bureau de 8 personnes dont 2 hommes au maximum par bureau de coopérative.
Ces coopératives sont composées de 405 membres dont 340 femmes (soit 83%), travaillent dans la dynamisation de leur milieu de vie depuis 2018. Aucune de ces femmes, n’est membre d’une instance de décision de leur village, ne s’est pas présentée comme conseillère municipale jusque-là dans son village. Elles manquent de confiance en elles. Et pourtant, elles ont fait preuve d’assiduité dans la gérance des coopératives mis en place avec l’appui du GRADEM pour la promotion des droits de l’enfant, particulièrement des filles (scolarisation, santé, alimentation, non-discrimination, etc.). Aujourd’hui ces coopératives sont de véritables moteurs de développement locales et initiatrices d’actions concrètes en soutien à la scolarisation des enfants notamment des filles (acte de naissance pour chaque enfant, surveillance de la scolarisation, appui en matériels pédagogiques, salubrité des espaces scolaires, de santé, etc.).

Ce projet est financé par Journée Mondiale de Prière des Femmes (Comité Allemand).

A Diamouténé

 

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