SANTE : Il y a 6 ans, le Pr. Samba Sow donnait au Mali un remède contre les grands maux du secteur
Depuis des décennies, le système de santé du Mali fait l’objet d’un nécessaire besoin de modernisation. Dans un diagnostic approfondi et minutieux du système de santé du Mali, au travers d’un atelier national de haut niveau sur la réforme du système du 25 au 28 février 2019, le ministre de la Santé d’alors, Pr. Samba Sow, donnait au Mali une thérapie à impact immédiat et durable pour un secteur de la santé jadis malade, de la base au sommet.
La mondialisation, la forte croissance démographique, l’urbanisation, le changement climatique, la réémergence des maladies négligées, la survenue de certaines épidémies, les effets de l’insécurité dans les régions du Nord et du Centre ont largement contribué à la dégradation de notre système de santé issu de la politique sectorielle de santé et de population de 1990.
Si le Mali est parmi les pionniers de la santé communautaire en Afrique, force est de constater qu’au niveau de nos structures de santé, des centres de santé communautaire (Cscom) aux hôpitaux en passant par les centres de santé de référence (CS-Réf), nous assistons à un engorgement.
Ce phénomène, qui est lié essentiellement à la démographie galopante que connaît notre pays, entraîne l’insuffisance des ressources humaines en quantité et en qualité et leur inéquitable répartition ; la faible motivation du personnel soignant ; l’insatisfaction des utilisateurs dans les structures de santé ; l’insuffisance dans la gouvernance ; les faiblesses de l’offre et de la demande. A ces problèmes, s’ajoutent la faible part du budget national allouée au secteur de la santé qui était de 4,32 %, en 2018.
Le point de départ
Médecin chercheur réputé pour sa participation active : à la riposte à la pandémie de la lèpre, au développement du vaccin contre le cancer du col de l’utérus au Mali, au combat contre les récentes grandes épidémies de la maladie à virus Ebola, de la Covid-19 et la lutte contre la mortalité chez les enfants, nommé ministre de la Santé et de l’Hygiène publique en avril 2017, Pr. Samba Sow a diagnostiqué les maux du système de santé du Mali et lancé un traitement curatif dans une dynamique participative avec l’ensemble des acteurs du domaine au centre. Cette ambitieuse démarche de mise à jour de notre système de santé du ministre Sow répond à un besoin d’amélioration de l’offre de soins de qualité par le relèvement du plateau technique des services sanitaires sur l’ensemble du territoire national.
Partant du constat que la base de la pyramide sanitaire au Mali, c’est-à-dire la santé communautaire, est la plus confrontée aux problèmes, la recette proposée par Pr. Samba Sow, commence par la périphérie (les centres de santé communautaire) pour atteindre et désengorger le sommet (les hôpitaux).
Cette réforme a justifié en plus de la création de nouvelles infrastructures à tous les niveaux (Cscom, CS-Réf, hôpitaux) ; l’érection de certains Cscom en CS-Réf, de certains CS-Réf en hôpitaux et de certains hôpitaux de 2e génération en hôpitaux de 3e génération ; l’élaboration d’une carte sanitaire du Mali ; l’élévation du plateau technique à travers l’amélioration des conditions de travail du personnel de santé et l’équipement des structures sanitaires. Dans cette vision du ministre Sow, le désert sanitaire ne devrait plus exister sur la carte sanitaire du Mali. A travers cette réforme, Pr. Samba Sow vise l’atteinte de la couverture universelle sanitaire en apportant les soins de santé primaires aux populations maliennes où qu’elles se trouvent sur le territoire national. Cette démarche du ministre de la Santé et de l’Hygiène publique d’alors s’inscrit en droite ligne avec la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) 3 à savoir « permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge ».
Dès ses premières années, la réforme envisageait de faire le focus sur les soins de santé primaires en accordant une place de choix aux couches les plus vulnérables notamment à la santé maternelle et infantile.
L’exemple malien qui inspire les partenaires
Au-delà de nos frontières, cette initiative du Pr. Samba Sow a fait des échos auprès des partenaires techniques et financiers du Mali, dès ses débuts. Ainsi, les Pays-Bas, le Canada, le fonds Gavi (Global Alliance for Vaccines and Immunization), le Fonds Mondial et beaucoup d’autres partenaires ont apporté leur soutien à cette réforme.
L’élan de soutien international était tel que la presse internationale ne tarissait pas d’éloges sur cette réforme de notre système de santé qui permettra l’amélioration de la santé des populations maliennes. Ainsi, le journal britannique, le plus coté, The Guardian, écrivait en titre d’un de ses articles datant du 7 mars 2019 : « Les réformes en profondeur de la santé (…) annoncées comme un tournant national ».
Charlotte Lejeune, directrice du Mali pour la Clinton Health Access Initiative, qui soutient les réformes du ministère de la Santé, a également déclaré, dans The Guardian que « le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique est très ambitieux et visionnaire… et son engagement et sa vision sont impressionnants ».
« Un autre journal britannique « Le Financial Times » et la chaîne de télévision qatarie « Aljazeera » ont également parlé de l’importance de cette réforme de notre système de santé dans l’amélioration de la santé des Maliens.
Au plan national, au sein de l’opinion publique, les acteurs de la santé s’accordent à reconnaitre que cette réforme du Pr Samba Sow aura été un tournant important pour le système de santé du Mali.
Les faits marquants qui demeurent
Le temps passe, les hommes aussi mais leurs hauts faits restent dans la mémoire collective et continuent de produire des effets.
En effet, à titre d’exemple, fondées de sa pertinence beaucoup d’organisations syndicales du secteurs santé et développement social ne se sont pas fait prier pour la mise en application des recommandations de cette réforme à laquelle elles étaient acquises dès le départ. Des centres de santé communautaires aux hôpitaux, en passant par les hôpitaux du district (CSRef), le climat social d’après Réforme fut des plus apaisés et propice à la réalisation des gros défis. Ainsi, deux années après la tenue de cette réforme, précisément en 2020, a éclaté dans le monde une épidémie de la maladie à Coronavirus. Si cette pandémie n’a épargné aucun pays, force est de constater que le niveau de réarmement moral du personnel issu des assises de la Réforme du ministre Samba Sow a permis à beaucoup de praticiens de la santé des niveaux périphériques de se sentir plus que jamais considérés et valorisés. En retour, leur niveau d’engagement à donner le meilleur d’eux s’est accru au grand bonheur des malades.
Conformément aux recommandations formulées dans le document de réforme, plusieurs centres de santé et hôpitaux ont fait peau neuve avec un plateau technique amélioré, sans compter de constructions de nouveaux hôpitaux à Koutiala, à Koulikoro. En termes d’équipements, des équipements de pointe ont été installés dans les hôpitaux du Point G (service des urgences notamment), l’hôpital de Ségou (Scanner de 64 barrettes), hôpital de Mopti, Gao et Kayes. En termes de répercussion sur la qualité des soins, l’hôpital de Sikasso est un bon exemple en ce sens que cet hôpital se classe depuis quelques années à la tête des hôpitaux les plus performants : l’hôpital est propre, les praticiens sont dévoués et s’illustrent par la disponibilité à prendre en charge les patients sur place.
A Bamako, plusieurs CSRef se muent en Hôpitaux du district. En Communes IV et V, cette migration est un fait palpable avec de nouveaux locaux construits, des équipements de pointe installés et de nouveaux services ouverts. Aujourd’hui, l’hôpital du Point G n’est plus la seule structure publique de prise en charge des malades du reins soumis à la dialyse. De nos jours, il existe des centres de dialyse à Ségou, à Sikasso et aussi à Mopti. A noter que certaines de ces réalisations qui n’étaient que des « rêves » d’un ministre d’alors, sont aujourd’hui une réalité grâce à la volonté politique affichée des autorités de la Transition qui accordent à la santé des Maliens un intérêt particulier. De nombreux Maliens souhaitaient que dans un avenir proche le « Rêve de Samba Sow » soit traduit en réalités concernant notamment la prise en charge gratuite des femmes enceintes, des enfants de moins de cinq ans, des personnes âgées, et de la prise en charge des premiers soins dans des structures sanitaires publiques de premier ordre. De nos jours, ces points majeurs trouvent en partie leurs réponses dans l’AMO ou dans le Régime d’assistance médicale (Ramed).
Au demeurant, si Samba Sow a rêvé pour le renouveau du système de santé du Mali, le mérite du maintien de la dynamique de la modernisation du secteur sanitaire revient à ces nombreux ministres qui lui ont succédé et qui ont tous apporté leurs précieuses pierres à la pyramide sanitaire. De Michel Sidibé à l’actuelle ministre de la santé, Médecin colonel Assa Badiallo Touré en passant par Dr Fanta Siby, Diéminatou Sangaré.
- Diamouténé