RAMADAN ET VIE CHERE : Comment les bamakois gèrent ?
Les voix portaient haut pour crier la cherté des prix des denrées de première nécessité à la veille du mois de Ramadan. Aujourd’hui, le Ramadan tire pratiquement vers sa fin, nous nous sommes intéressés à la question de savoir comment les Bamakois ont vécu cette période ?
Voici des avis.
Mamadou Traoré, commerçant de céréales au marché de Badalabougou, assis devant son magasin et entouré des sacs contenant du riz, du maïs, de mil, de sorgho etc., déclare gérer cette période avec foi.
Serein et plein d’espoir pour un Mali plus épanoui, il estime que c’est juste pour une courte durée. « On a connu des moments plus aisés et d’autres nous attendent. Il faut tout simplement assumer. La vie est ainsi faite ».
Aussi, dira-t-il, « les prix ne sont pas plus exorbitants cette année que l’année précédente. C’est l’argent qui manque ».
Selon M. Traoré, le kilo du maïs est à 300 FCFA ; le riz importé varie entre 450 et 500 FCFA. Celui du riz local est cédé à 550 FCFA ; le mil est à 400 FCFA.
Il appelle ses concitoyens à la retenue car pour lui, « l’argent du Mali est, pour l’heure, utilisé dans l’achat des armements pour notre sécurité d’où son insuffisance ».
Mme Guindo Tènin Diarra qui parcourt les ruelles du marché de Badalabougou sous le soleil du 10h peu clément est résidente de Torokorobougou. Elle vient dans ce marché parce que les prix des condiments lui sont plus favorables. Muni d’un mini-seau, Tènin tente de choisir parmi des tas de légumes étalés devant elle.
« Nous supportons cette situation aux noms du mariage, de nos époux et surtout de nos enfants. Ce n’est pas facile, mais on espère que Dieu nous viendra en aide ».
A ses dires, le litre d’huile est à 1 500 FCFA, la viande (sans os) 3 500, avec os, 3 250 FCFA. En ce qui concerne la pomme de terre et la banane plantain, on n’en parle pas. Par contre, la tomate, l’oignon, l’aubergine africain, les persils, les céleris et autres sont abordables.
Mme Guindo demande aux autorités d’assister davantage les commerçants afin que la population puisse avoir les produits à moindre coûts.
Toujours dans ce marché, Nansa Camara, vendeuse de kenkéliba et de citron, dit regretter le peu de vente qu’elle fait. « Nous avons des enfants en charge, les achats se font rares. Vraiment on est confuse », se lamente-t-elle.
Cette vielle femme, âgée d’environ 60 ans, qui semble perdue au milieu de ses produits (bols, menthe, kenkélibé, citron, poudre de maïs j’en passe) sollicite l’aide de toutes personnes de bonne volonté afin qu’elle puisse sortir de cette situation d’extrême pauvreté.
Kassim Diabaté, étudiant à l’Ecole Supérieure de Journalisme et des Sciences de la Communication dit vivre cette période (Ramadan et vie chère) dans la plus grande difficulté. En tant qu’étudiant, ses bourses sont utilisées pour l’achat des bouquins, des frais de carburants et s’il faut acheter à manger à des prix élevés, ce n’est pas du tout facile.
Le visage de Diabaté exprime l’anxiété. Il a souligné que les activités sont en standby (à l’arrêt) ce qui complique davantage la situation.
D’emblée, il tient les autorités responsables de cette cherté car même si elles accordent des subventions aux commerçants, selon Kassim, elles doivent veiller aux respects des prix des produits sur le marché.
Aussi, il propose au gouvernement d’appuyer l’entreprenariat surtout dans le domaine de l’agrobusiness pour promouvoir la productivité locale.
Selon ses constats, les produits locaux sont beaucoup plus chers que ceux importés. Ce qui n’est pas normal. « Nos producteurs font énormément d’efforts. Ils ont besoin d’accompagnement », a conclut Kassim Diabaté.
La présidente du Front contre la vie chère, Mariam Koné, affirme que les Bamakois ont géré ce mois de Ramadan avec beaucoup de difficultés, car les prix avaient déjà augmenté bien avant. « Malgré tout, certains commerçants n’ont pas dérogé à la mauvaise règle d’augmenter les prix ».
Elle s’indigne devant l’inflation des prix des productions locales telles que la pomme de terre de Sikasso et de Kati et certains produits subventionnés par l’Etat à savoir l’huile, le lait en poudre, le sucre et autres qui subissent des spéculations au niveau de différents marchés. « Le petit mil qui était vendu à 350f le kilo est à 500f, le kilo de la pomme de terre était cédé à 300f est vendu à 450 FCFA ».
Mariam Koné indique que le Front dispose d’un document de Cadre stratégique assorti de plan d’actions qu’il propose au gouvernement pour atténuer la souffrance des maliens. Il s’agit notamment du warrantage de la subvention directe des intrants agricoles et autres plans pouvant tirer d’affaires le Mali.
Le Ramadan 2023 aura été observé dans des conditions moins favorables aux portefeuilles des maliens. Les autorités et les producteurs locaux ont du pain sur la planche pour changer la donne dorénavant.
Source : l’Indicateur du Renouveau