Pr. AKORY AG IKNANE A PROPOS DE LA REMONTEE DE LA CONTAMINATION : « Cette 3e vague pourrait être liée à la présence d’un variant dont la transmission est très forte »
Par L’Indicateur du Renouveau
Depuis quelques semaines, le Mali connait une troisième vague de la pandémie à coronavirus. Le coordonnateur de la lutte contre la Covid-19 au Mali, Pr. Akory Ag Iknane explique cela par un relâchement dans le respect des mesures barrières et par la présence certaine d’un nouveau variant du virus venu d’un autre pays.
La courbe de la contamination à la Covid-19 connait une remontée au Mali depuis quelques semaines. Le 1er avril 2021, notre pays a enregistré 157 nouveaux cas de Covid-19. Le mardi 6 avril 2021, la situation cumulée de la Covid-19 au Mali était de 10 750 cas positifs, 328 décès dans les centres de prise en charge et 68 dans la communauté, 7009 patients guéris.
1673 personnes-contacts font l’objet d’un suivi quotidien.
Selon le coordonnateur de la lutte contre la Covid-19 au Mali, « il y a plusieurs facteurs qui peuvent expliquer cette 3e vague. La première raison pourrait être le fait que les mesures de prévention, qui ont été édictées, ne sont pratiquement pas respectées. Tout le monde se rencontre. On voit les mariages partout, les activités sportives, culturelles. Tout a été repris comme si vraiment on était en dehors de l’épidémie ».
« La deuxième raison pourrait être liée à la présence d’un variant soit sud-africain ou d’un autre pays dont la transmission est extrêmement forte. On n’a pas les éléments scientifiques pour le déterminer, mais c’est fort possible. Les 157 cas qu’on a enregistrés, le 1er avril dernier, on n’avait pas atteint ce nombre pendant ni la première vague, ni la deuxième vague », a-t-il affirmé.
Le Mali a lancé sa campagne de vaccination contre la Covid-19 le mercredi 31 mars 2021. Pour Pr. Akory Ag Iknane, le Mali ne dispose pas suffisamment encore de doses de vaccins pour rompre la chaine de contamination du virus.
« C’est vrai que la vaccination peut être un moyen de freiner la transmission de l’épidémie, mais pour l’instant la vaccination n’a commencé que le 31 mars 2021. Donc on a seulement une semaine de vaccination. C’est le personnel de santé qui est en première ligne qui sera vacciné et nous n’avons que 396 000 doses de vaccin, en attendant le reste du stock. Pour rompre une chaine de transmission d’une épidémie, il faut au moins que 80% de la population soient vaccinés. Nous sommes encore loin de cela », a-t-il souligné.
Et d’ajouter « d’où l’intérêt que les populations reviennent aux mesures barrières, qui sont très efficaces pour la prévention notamment le respect de la distanciation physique, l’utilisation du masque dans les lieux publics, le lavage des mains au savon et l’utilisation du gel hydro alcoolique. En attendant que nous ayons suffisamment de vaccins pour une frange importante de la population, nous devons tenir compte de ces mesures de préventions ».
Le coordonnateur de la lutte contre la Covid-19 a exprimé également son inquiétude par rapport au mois de Ramadan, qui débute la semaine prochaine.
« Les risques vont être multipliés parce qu’il y aura des prières collectives et des lectures du Coran. Nous avons tenu une réunion, sous la présidence du Premier ministre, de la plateforme multi acteur qui regroupe tous les acteurs de la société civile, les religieux… et nous avons estimé qu’il était extrêmement important de doter les gens de masques. Il faut que les mesures de prévention soient respectées pendant les prières collectives ; qu’il y ait des dispositifs de lavage des mains à l’entrée des mosquées ; que les distanciations physiques soient respectées.
Est-ce qu’il est possible de vacciner les gens pendant la période de jeûne ? C’est une autre difficulté à laquelle il faut faire face. Il faudra voir cet aspect avec les religieux, qui peuvent nous aider à trouver la solution », a conclu le Pr. Akory Ag Iknane.
A. Diamouténé