Mali: SOLI-AM plaide auprès des religieux pour la relance du processus d’adoption de l’avant-projet de loi sur la protection des droits des enfants

Dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Ensemble pour la lutte contre les pires formes du travail des enfants », financé par JOFA-ACTE, l’association Solidarité en faveur des Aide-ménagères (SOLI-AM) a organisé, le mercredi 30 avril 2025, une journée de plaidoyer auprès des membres du Haut Conseil Islamique du Mali(HCIM), de l’Association des groupements d’églises et missions protestantes évangéliques au Mali( l’AGEMPEM) et de la Conférence épiscopale du Mali (CEM) pour l’obtention de leur appui pour la relance du processus d’adoption de l’avant-projet de loi sur la protection des enfants
En 2005, l’enquête nationale malienne sur le travail des enfants a révélé que 58% de tous les enfants qui travaillent sont employés dans l’agriculture communautaire familiale. Les filles finissent généralement comme travailleuses domestiques employées dans des familles pour les travaux ménagers, alors que les garçons sont pour la plupart employés comme des ouvriers agricoles. Les motivations concernant les enfants se situent dans la quête de l’argent nécessaire pour le trousseau de mariage et le soutien des familles. Aussi, la fugue due au mariage forcé ou l’envie de découvrir le monde sont les autres principales motivations de l’exode vers les grandes villes.
Depuis des années, SOLI-AM œuvrent aux côtés de l’Etat malien pour la protection des droits des enfants en général et particulier, ceux des aides ménagères. « L’organisation d’une action de plaidoyer en vue de la relance du processus d’adoption de l’avant-projet de loi sur la protection des enfants est une action salutaire qui doit avoir le soutien de tous surtout des leaders religieux qui jouent un rôle éminemment positif dans le renforcement de la cohésion sociale », a affirmé le représentant de la mairie de la commune 3 du district de Bamako, Bassala Touré.
Selon la présidente de SOLI-AM, Mme Samaké Berthe Bagayoko, l’objectif de cette journée de plaidoyer est de contribuer à la relance du processus d’adoption de l’avant-projet de loi portant sur la protection spécifique des enfants contre toutes les formes d’abus. « Nous attendons des religieux leur appui pour que l’avant-projet de lois, qui est en cours d’adoption depuis 2017, soit adopté une fois pour toute, pour qu’on puisse avoir une loi pour le Mali aussi. Nous avons même produit un document de plaidoyer sur ce thème-là, qu’on a déposé dans les différents ministères. Nous avons aussi parlé de ce même thème-là avec le membre du CNT, le 15 avril dernier », a-t-elle déclaré avant d’ajouter : « Si cette loi est adoptée et mise en application, ça protègera les enfants qui viennent travailler comme aide-ménagères, surtout celles qui n’ont pas encore 15 ans. Un enfant ne doit pas travailler avant l’âge de 15 ans. Cette loi va beaucoup contribuer à la protection de nos jeunes filles aide-ménagères qui sont encore des enfants ».
Le secrétaire exécutif de l’AGEMPEM, Pasteur Kalan Djibril Touré a salué l’initiative de SOLI-AM. « Nous apprécions cette initiative, nous accompagnons cette initiative par rapport au travail des enfants… Je trouve qu’au nom de l’église protestante du Mali, l’initiative est à saluer. Nous allons donner ce que nous pouvons vous donner pour accompagner ce programme. On pourra compter sur les observations de l’église protestante », a-t-il rassuré.
« Réunir des religieux pour réfléchir sur la protection des droits de l’enfant est une bonne initiative. L’islam a beaucoup besoin des enfants. Notre prophète a beaucoup parlé des enfants. Les enfants sont l’avenir du pays et du monde. Donc, la protection des enfants est obligatoire pour nous tous. C’est pourquoi nous nous sommes joints à notre sœur (présidente de SOLI-AM) pour cette rencontre », a indiqué le représentant du HCIM, Ousmane Traoré.
Quant à la représentante de la CEM, Mme Touré Antoinette Maribelle Traoré, elle a réitéré le soutien de l’église catholique à l’initiative de SOLI-AM pour l’obtention les observations des religieux en vue de la relance du processus d’adoption de l’’avant-projet de loi sur la protection des enfants.
Pour le représentant du ministère des Affaires religieuses, du Culte et des Coutumes, Khalilou Abdoulaye Camara, il est tout à fait normal qu’on pense à la condition, à la protection et surtout à l’avenir des aide-ménagères qui, dira-t-il, pour la plupart du temps, viennent pour subvenir aux besoins de leurs familles. « Je ne pense pas que les associations religieuses bloquent l’adoption d’un quelconque projet. Peut-être qu’il y a des incompréhensions ou des éclaircissements à faire sur certains points. Je ne connais aucune religion qui soit contre le bonheur, l’épanouissement de l’être humain. Maintenant, il va falloir trouver les voies et moyens pour aplanir ces difficultés, pallier les problèmes rencontrés pour que le projet de loi puisse être adopté sans que cela ne soit une gêne ou une contradiction avec la foi des uns et des autres. Le département est prêt à accompagner toute action, toute œuvre et toute initiative allant dans le sens de l’amélioration des conditions de vie des Maliens », a-t-il fait savoir.
Notons qu’au Mali, le phénomène du travail des enfants empêche des millions d’enfants de jouir convenablement de leurs droits pendant leur enfance. Selon le MICS 2015, 55.8% des enfants de 5 à 17 ans travaillent au Mali. Les garçons représentent 59,4 % des enfants travailleurs et le milieu rural enregistre 61,1%.
A Diamouténé