Mali: 12 000 enfants vivent avec le VIH
Dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le VIH-Sida, la Coordination du Mali du Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN) a organisé, le mercredi 6 décembre 2023, une conférence dénommée « Rendez-vous du REMAPSEN » sur le VIH pédiatrique. Le thème international de cette édition 2023 est : « Confier le leadership aux communautés ». Au Mali, le thème national retenu est : « Accélérer le dépistage par le leadership communautaire ».
L’administrateur délégué de la Maison de la Presse, Mamadou Talata a salué cette initiative du REMAPSEN Mali : « Le REMAPSEN a toujours été à l’avant-garde de la sensibilisation dans le cadre de la lutte contre le VIH-Sida. La Maison de la Presse est disposée à accompagner le REMAPSEN dans la promotion de la santé au Mali ».
«Il n’est pas coutume, pour les journalistes, d’organiser des conférences de presse. Nous sommes généralement des invités pour ce genre d’activité. Mais le combat contre le VIH Sida, doit être une lutte commune, particulièrement le cas des enfants », a affirmé la Coordinatrice du REMAPSEN Mali, Fanta Diakité.
Les personnes qui sont correctement informées au sujet de l’épidémie du VIH/SIDA, a-t-elle martelé, peuvent évaluer la menace que constitue le virus et adopter les meilleurs moyens pour éviter l’infection, au cas où elles sont séropositives, elles sauront comment prendre soin d’elles, de leurs partenaires et de leur famille. « C’est ce qui justifie notre démarche sur le VIH pédiatrique. Il s’agit d’informer et outiller les journalistes sur les situations relatives au VIH pédiatrique ; impliquer davantage les journalistes dans la lutte contre le VIH en général au Mali. Cette épidémie à développement rapide demande une riposte tout aussi rapide, avec une action harmonisée, une implication de chacune et de chacun d’entre nous, pour un monde sans le VIH Sida », a-t-elle ajouté.
Quant au conférencier, Dr Bassirou Diallo, Conseiller sciences, services et systèmes au bureau de l’ONUSIDA au Mali, il a fait savoir que la prévalence au Mali est de 0,9% chez les 15-49 ans, 1.2% chez les femmes et 0,6% chez les hommes. « Les Personnes vivant avec le VIH sont environ 120 000 dont 12 000 enfants et 55 000 femmes; les nouvelles infections sont de l’ordre de 6200 dont 1800 enfants et 2 700 femmes ; les décès liés au Sida sont estimés à 4 900 dont 1 200 enfants et 2 100 femmes », a-t-il expliqué.
En 2022, a poursuivi Dr Diallo, 87% des enfants dépistés du VIH-Sida ont été mis sous traitement (773/886). Le taux de transmission mère-enfant à six semaines était respectivement de 18,39% en 2019, 19,77% en 2020 et 15,87% en 2021. La transmission mère- enfant en période d’allaitement était respectivement de 30,47%; 30,55% et 26,62% pour les mêmes périodes. La couverture ARV chez les enfants était de 23% en 2019, 29% en 2020 et 42% en 2021.Grâce aux interventions, la prévention de la transmission de la mère à l’enfant (PTME), les infections pédiatriques évitées étaient de 541 en 2021 contre 844 en 2022 », a-t-il souligné.
Selon Dr Diallo, les principales lacunes dans le continuum des services de prévention de l’infection à VIH portent sur la faible couverture des services PTME dans les établissements offrant les services de Consultation Prénatale, CPN, (soit 1197 sur 1714 sites CPN) ; la mobilité des personnels qualifiés; l’irrégularité dans la disponibilité des produits de santé sur les sites; l’absence d’activités de rétention dans la période d’allaitement dans les sites (activités culinaires, …); le manque de financement pour la réalisation des activités (supervision, achat de produits de santé, formation continue, révision des outils …).
Pour remédier à l’inégalité d’accès aux services de lutte contre le VIH et aux résultats obtenus par les enfants, Dr Bassirou Diallo a prôné des efforts ciblés et un engagement nettement plus fort. « Il faudra des changements significatifs dans la prestation des services et la création d’un environnement plus favorable pour retrouver l’élan initial. Il s’agit notamment de rendre les soins prénatals et postnatals intégrés et les services liés au VIH plus abordables et plus pratiques, en particulier pour les adolescentes et les femmes qui sont stigmatisées et marginalisées, ou qui ont besoin du consentement de leurs parents pour accéder à ces services. Les programmes doivent devenir plus intelligents dans leurs stratégies de dépistage, ainsi que dans la recherche des femmes manquantes qui vivent avec le VIH mais ne reçoivent pas de thérapie antirétrovirale et assurent la suppression virale. La discrimination et la stigmatisation sont autant d’obstacles qui empêchent les personnes vivant avec le VIH d’accéder aux ressources vitales dont elles ont besoin pour mener une vie saine et productive. Il reste encore beaucoup à faire », a-t-il souligné.
La commémoration du 1er décembre, Journée mondiale de lutte contre le VIH/Sida vise à rappeler les acquis et les défis pour que chaque acteur puisse s’engager dans la prévention et de la prise en charge des personnes infectées et affectées par la maladie. C’est également une opportunité pour mobiliser tous les acteurs des secteurs public, privé, de la société civile et des partenaires techniques et financiers afin de renforcer leurs engagements pour une réponse internationale, nationale et locale plus vigoureuse et efficace en vue de l’élimination du VIH/SIDA d’ici l’horizon 2030.
A .Diamouténé