Lutte contre la malnutrition : Le Mali lance la stratégie « Eau, hygiène, assainissement et nutrition »
Dans le souci de combattre la malnutrition endémique, le ministère de la Santé et du Développement social a procédé, hier jeudi 15 septembre 2022, à Maeva Palace, au lancement officiel de la stratégie nationale dénommée : « Eau, hygiène, assainissement et nutrition » au Mali.
La cérémonie de lancement était présidée par le Secrétaire général du ministère de la Santé, Aly Diop, en présence de la représentante du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), Francine Kimanuka et d’autres acteurs intervenant dans les domaines.
Selon la représentante de l’UNICEF au Mali, Francine Kimanuka, la situation nutritionnelle en l’état actuel demeure préoccupante tant au niveau national où l’on compte 10,8% de malnutrition aigüe globale et 2,1% de malnutrition aigüe sévère au niveau de la plupart des régions.
Aussi, a-t-elle rapporté, une analyse des liens entre malnutrition et facteurs environnementaux à partir des données d’enquête MICS-2015, réalisée par l’Unicef Mali en 2020, a permis de démontrer que plus l’environnement du ménage est assaini, plus le risque sanitaire et les taux de malnutrition sont réduits.
« L’Unicef en tant que Lead des clusters Wash et nutrition a appuyé le gouvernement du Mali pour une évaluation de la stratégie régionale Wash – in – Nut au Mali en 2018 ainsi que la proposition d’une nouvelle approche Eau, hygiène, assainissement-nutrition en vue de maximiser l’impact des interventions Wash dans la lutte contre la malnutrition au Mali », a-t-elle rappelé avant de lancer un appel à tous les partenaires techniques et financiers pour une grande mobilisation de financements en vue d’une opérationnalisation de cette stratégie « Eau, hygiène, assainissement et nutrition » au Mali.
Quant au Secrétaire général du ministère de la Santé et du Développement social, Aly Diop, il a fait savoir que l’essence même de cette stratégie nationale « Eau, hygiène, assainissement et nutrition » consiste à générer un impact et à amplifier le retour d’investissement dans la nutrition grâce aux interventions d’accès à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement.
« Le partenariat compte pour cela sur l’effort collectif afin d’augmenter la visibilité et l’influence politique de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement dans la lutte contre toutes les formes de malnutrition et de mobiliser des ressources comme il se doit. Nous ne devons pas fermer les yeux sur les menaces qui s’apprêtent à nous compliquer encore un peu plus la tâche. L’une d’entre elles est la crise climatique qui a des retombées de plus en plus fortes sur l’ensemble des acquis de l’approche multisectorielle de la nutrition en particulier sur l’eau, l’hygiène et l’assainissement », a-t-il souligné.
Et de souligner : « Il convient de ne jamais perdre de vue les personnes et les groupes les plus vulnérables et marginalisés que sont les femmes les enfants ainsi que les personnes âgées et handicapées qui paient le plus lourd tribut aux changements climatiques, mais aussi les zones rurales et les implantations sauvages en zone urbaine. Cette stratégie nationale nous donne un aperçu de ce qu’il est possible d’accomplir quand les départements sectoriels se mobilisent, quand nous faisons l’effort de travailler ensemble et quand nous cherchons comment renforcer l’approche multisectorielle de la nutrition à travers le partenariat Eau-hygiène-assainissement-nutrition.
Le Mali compte beaucoup sur cette stratégie nationale car la nutrition constitue aujourd’hui une des priorités du gouvernement en vue d’alléger les souffrances de nos populations liées aux problèmes de la malnutrition ».
Notons que le Mali est l’un des pays les plus touchés à cause du contexte politico-sécuritaire. 7,5 millions de personnes sont en insécurité alimentaire avec une cible de 5,3 millions pour un budget prévisionnel de 686 $ millions avec 55,2 $ millions pour l’eau.
Les besoins des différents clusters sont : abris et biens non alimentaires : 2,1 millions ; eau, hygiène, assainissement : 3,7 millions ; nutrition : 3,4 millions ; santé : 4.3 millions ; sécurité alimentaire : 3,6 millions ; éducation : 2,9 millions, protection : 3 millions.
Les conséquences pour le Mali sont non négligeables : il perd chaque année environ 265 milliards de FCFA, soit 4,06 % de son produit intérieur brut (PIB) du fait des effets cumulés de la sous-nutrition des enfants en termes de dépenses en santé, de dépenses scolaires et de perte de productivité sur le marché de l’emploi…
Ces résultats démontrent l’urgence d’une forte mobilisation afin de réduire de manière significative la malnutrition infantile et de contribuer à la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) de 2030. La lutte contre la malnutrition est multisectorielle, et le secteur Eau, hygiène, assainissement a un rôle important à jouer.
La stratégie nationale « Eau, hygiène, assainissement et nutrition » au Mali, qui vise à contribuer à la réduction de la morbidité et de la mortalité liées à la malnutrition grâce aux interventions eau, hygiène et assainissement, a été intégrée dans le Plan d’action multisectoriel de nutrition 2021-2025.