Lutte contre la déforestation au Mali : Vers la digitalisation des services forestiers

Le Premier ministre, le général de division Abdoulaye Maiga, a présidé, le samedi 26 juillet 2025, au parc des Sofas, le lancement de la 31è édition de la campagne nationale de reboisement placé sous le thème: « Planter des arbres pour restaurer les terres et lutter contre la désertification ».
L’occasion était bonne pour la ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, Doumbia Mariam Tangara, d’annoncer des réformes en cours au sein de son département, notamment la digitalisation des services forestiers, un chantier de transformation majeure.
Chaque année, environ 100 000 hectares de forêts connaissent une transformation au Mali, en grande partie sous l’effet des changements d’usage des terres et de la pression croissante sur les écosystèmes.
Cette dynamique, bien qu’ancrée dans des réalités économiques et sociales, soulève des préoccupations légitimes quant à la préservation de notre biodiversité, à la sécurité alimentaire, à la qualité de vie des communautés et, plus largement, à la durabilité de notre modèle de développement.
Face à cette situation préoccupante, notre pays a institué en 1995 la Campagne nationale de reboisement, avec pour objectif de restaurer les terres dégradées, embellir nos localités, protéger les forêts, préserver la biodiversité, et lutter efficacement contre la désertification, les différentes formes de pollution et les effets néfastes du changement climatique.
Cette campagne, faut-il le rappeler, n’est pas qu’une simple tradition. Elle constitue aujourd’hui un pilier central de notre stratégie nationale de lutte contre la déforestation et la dégradation des terres. Elle mobilise chaque année l’ensemble des acteurs publics, privés, communautaires et associatifs, autour d’un symbole fort : l’arbre, symbole de vie, de stabilité, de croissance et de résilience.
Pour cette 31è édition, les objectifs sont ambitieux, notamment la production de 41 384 716 plants ; le reboisement de 31 876,21 hectares de terres ; la récupération de 385 156 hectares de terres dégradées.
« Ces chiffres, aussi impressionnants soient-ils, ne sauraient à eux seuls traduire l’ampleur des efforts déployés sur le terrain. Je tiens ici à saluer particulièrement l’engagement actif des collectivités territoriales, de la société civile, des structures communautaires et du secteur privé, dont la participation volontaire et responsable donne tout son sens à cette campagne. Cette formidable mobilisation citoyenne, qui ne cesse de croître, renforce notre conviction que le reboisement peut et doit devenir un levier durable de résilience écologique, au service d’un développement harmonieux et équitable pour tous », dira Mme Doumbia Mariam Tangara.
Aux dires de la ministre, les services des eaux et forêts, véritables bras opérationnels de son département, sont aujourd’hui confrontés à des défis majeurs.
« Dans plusieurs zones reculées, nos agents forestiers accomplissent leur mission dans des contextes souvent complexes et exposés, face à une pression croissante liée aux activités illicites et aux infractions environnementales », déplore-t-elle.
Consciente des besoins, Mme Doumbia Mariam Tangara a déclaré que son département a engagé plusieurs actions prioritaires visant à faire du service des eaux et forêts une structure moderne et efficace, capable de répondre aux exigences de la gouvernance environnementale contemporaine.
Selon elle, parmi ces actions structurantes figure la digitalisation des services forestiers, un chantier de transformation majeure.
« Elle vise à instaurer plus de transparence, de traçabilité et d’efficacité dans la gestion des ressources forestières. Grâce à cette mutation numérique, la perception des redevances forestières pourra être sécurisée et centralisée, limitant ainsi les fuites de ressources et les pratiques illicites », renchérit-elle.
De plus, la gestion des permis, le suivi des quotas, ainsi que la traçabilité des produits ligneux seront digitalisés, renforçant la visibilité, le contrôle et la recevabilité du système. Ce processus prévoit également d’équiper les agents forestiers en systèmes d’information géographique (SIG), outils mobiles et plateformes intégrées, leur permettant de surveiller l’état des forêts en temps réel, de mieux coordonner leurs interventions et de réagir plus efficacement face aux menaces environnementales.
Selon la ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable pour que cette transformation produise tous ses effets, elle doit s’appuyer sur un cadre juridique solide et adapté.
« C’est dans cette perspective que le Gouvernement a adopté l’ordonnance modifiant la Loi n°10-028 du 12 juillet 2010, portant Code forestier. Ce texte marque une avancée décisive : il renforce la protection juridique des forêts, élargit le périmètre du domaine forestier, criminalise les infractions les plus graves et accroît les prérogatives des services déconcentrés. Ce nouveau dispositif jette les bases d’une gouvernance forestière plus rigoureuse, plus équitable et plus efficace, au service d’un environnement durable et résilient, pour les générations présentes et futures », révèle le ministre.
Y D