Journée de l’enfant africain: Allocution de la vice-présidente de la COMADE, Mme Kondo Alima Coulibaly

Journée de l’enfant africain: Allocution de la vice-présidente de la COMADE, Mme Kondo Alima Coulibaly
Madame la Ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille,
Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement, Chefs des institutions de la République, membres du Corps diplomatique, en vos rangs, grades et qualités,
Monsieur le Maire du District de Bamako,
Monsieur le Président du Parlement des Enfants,
Honorables invités, Mesdames et Messieurs,
Tout protocole observé,
En ce jour mémorable de la célébration de la Journée de l’Enfant Africain, nous rendons avant tout grâce à Allah Le Tout Puissant.
Madame la Ministre,
La Coalition Malienne pour les Droits de l’Enfant (COMADE) vous adresse ses vives félicitations, pour votre nomination à la tête du Ministère de la Promotion de la femme, de l’Enfant et de la Famille, et vous dit, bienvenue dans notre famille, et vous assure de sa franche collaboration.
La célébration des 30 ans de la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant est l’occasion pour nous de porter un regard rétrospectif sur un parcours de trente ans, depuis l’adoption par les Chefs d’Etat de cette disposition importante : la Charte Africaine pour les Droits et le Bien-être  de l’Enfant.
C’est un Gouvernement de Transition au Mali qui a adopté cette Charte en 1991, et c’en est un autre qui en célèbre le trentième anniversaire. Allah est très Grand.
Les enfants qui avaient 10 ans en 1992 en ont 40 aujourd’hui, et ceux de 15 ans à l’époque sont aujourd’hui des pères et mères de familles de 45 ans.
En leur posant la question aujourd’hui sur les espoirs suscités par l’adoption de la Charte, que pouvons-nous avoir comme réponses ?
– le nombre d’écoles, de centres de santé, de points d’eau potable, de filles scolarisées est en nette progression à la date d’aujourd’hui par rapport à 1992 ;
– de nombreuses dispositions juridiques et réglementaires ont été initiées pour la protection des enfants ;
– depuis 1997 a été créé un Ministère dédié à la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille ;
– un code de la Famille et des Personnes a été adopté, avec des dispositions relatives à la parenté,
Et j’en passe.
Toutefois le revers de la médaille est d’une grande frustration en cette année anniversaire de la Journée de l’Enfant Africain, aggravée par la pandémie de la Covid 19 dont l’impact sur les familles et les enfants est sans commune mesure avec celui du VIH SIDA.
Depuis 2012, notre pays est en proie à une crise politico sécuritaire aux conséquences terribles sur les enfants :
– que d’écoles fermées, de centres de santé désertés, d’enfants non vaccinés, de familles déplacées, de familles en risque de perte de l’autorité parentale, d’enfants en situation de rue, d’enfants victimes d’exploitation en tous genres, dont la traite, la mendicité, exposés sur la voie et les artères publiques (exploitation des enfants jumeaux), d’esclavage par ascendance, de violences, d’abus et de négligence, d’exploitation des jeunes filles de moins de 15 ans en situation de travail domestique dans les familles, des enfants travailleurs dans les sites d’orpaillage des régions de Sikasso, de Koulikoro et de Kayes, des filles mineures en situation d’exploitation sexuelles dans ces zones d’orpaillage.
– plus de 500 enfants sans protection parentale, en besoin de placement en famille d’accueil, de mécanisme de suivi et d’allocation des ressources (humaines et financières) adéquates.
Madame la Ministre,
Si les pouvoirs publics ont pour missions d’assurer de meilleures conditions de vie aux citoyens, nous reconnaissons que les possibilités actuelles de manœuvre dans notre pays sont limitées.
En effet tous les efforts accomplis à ce jour pour offrir une meilleure qualité de vie à nos enfants sont obérés par une tragédie dont nous sommes tous victimes : les attaques insensées perpétrées contre les populations et une volonté délibérée de porter atteinte à l’intégrité de notre pays.
Les conséquences sont terribles sur les efforts de développements en général et sur les individus en particulier. Les premières victimes sont les enfants.
Elles s’expriment en termes de moins d’accès pour eux aux services sociaux de base, et aussi en termes de limitation de leur horizon, expliquant ainsi l’accroissement des taux de délinquance enfantine et juvénile, de criminalité, de consommation d’alcool et de stupéfiants jamais inégalées dans notre pays. Et le tout soutenu par un accès incontrôlé aux nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Madame la Ministre,
Le Mali en 2002 était un des pays d’Afrique de l’Ouest dont les voisins sont venus s’inspirer, je parle du Code de Protection de l’enfant, devenu caduque depuis un certain temps. Nous vous adressons un plaidoyer vibrant pour porter le Mali au rang des nations qui disposent d’un arsenal juridique adapté et bien fourni pour ses enfants, comme, il est dit dans la Constitution, je cite « Den misènw hakili la tigèra peou peouw ». A quand l’adoption du projet de loi portant protection de l’enfant au Mali remplaçant le Code de Protection de l’enfant ?
La sécurité dans les écoles pour mettre un frein à l’influence négative de l’Association des élèves et étudiants (AEEM) sur le bon déroulement des cours dans les établissements scolaires. Quelle image donnons-nous à nos enfants ?  Est-ce ça la démocratie ? L’école est-elle un lieu de propagande politique ? La COMADE invite le gouvernement, les Hommes politiques à faire tout pour épargner les enfants des pratiques odieuses faites par certains sous couvert de l’AEEM.
Un autre des dangers dont notre pays est l’objet est la totale liberté d’accès des enfants aux médias sociaux et particulièrement de l’Internet. Tous les sites sont accessibles à tous et les enfants, incapables de discernement, en sont les abonnés privilégiés.
Pour le bien-être de nos enfants, des mesures doivent être prises pour les protéger contre eux-mêmes, et contribuer par la même occasion à réduire les nombreux cas d’abus, de violences y compris sexuelles, dont nos enfants sont victimes actuellement.
Parmi ces mesures, l’interdiction des téléphones portables dans les établissements scolaires, particulièrement au fondamental, et l’usage contrôlé des téléphones Androïd aux moins de 18 ans.
Madame la Ministre,
Mesdames, Messieurs
Si la COMADE a toujours salué l’avènement d’un Ministère dédié à l’enfant, elle a toujours déploré non seulement la part du budget national attribué à ce département dont l’activité se résume à des commémorations festives, sur financement des partenaires, mais aussi au peu de place accordée aux enfants et aux services chargés de l’enfance dans ce département.
En tant qu’organisation de la Société civile dédiée à la protection et à la promotion des droits des enfants, nous vous adressons un plaidoyer vibrant pour porter un regard nouveau sur ce département qui, somme toute, est le creuset de l’avenir du Mali : les enfants.
En saluant encore une fois la Charte Africaine des Droits et du Bien-être des Enfants, je voudrais m’incliner sur la mémoire de tous les enfants victimes de la barbarie et de l’obscurantisme dans notre pays, au Niger et récemment au Burkina Faso, et partout en Afrique.
La place des enfants est à l’école, celle les adultes est au travail,
A chaque enfant, un acte de naissance dès la naissance.
Je vous remercie

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