Insalubrité à Bamako : La Colline du savoir menacée par une décharge anarchique

Insalubrité à Bamako : La Colline du savoir menacée par une décharge anarchique

Un relief d’ordures, que l’on peut définir de montagne, se dresse au cœur de Bamako, au niveau de la Colline du savoir (Campus universitaire de Badalabougou) en Commune V du district de Bamako, en place depuis une quinzaine d’années. Situé à un endroit des moins communs, ce dépôt, érigé en véritable décharge d’ordures, menace la quiétude des occupants de la zone, majoritaire des d’étudiants. 

 

Depuis un moment, des voix s’élèvent pour protester contre ce point noir au milieu de la cité universitaire.

Assise sur un hangar qu’elle a fabriqué avec l’aide de quelques compagnons d’infortune, Fatoumata se repose de sa dure journée sous l’ombre.

« Je travaille ici depuis 5 ans. Avant, j’étais étalagiste, mais les ordures me rapportent plus et je suis obligée de me cacher des membres de ma famille, car ils ne savent pas que j’exerce dans cet endroit », raconte-t-elle.

Pour une raison ou une autre, la majorité des chiffonniers de la décharge sont des femmes, bien plus nombreuses que les hommes.

« Chaque jour, je viens travailler avec mon fils de 4 ans. J’ai personne pour le surveiller, c’est difficile, mais je n’ai pas le choix en tant que mère célibataire, ce travail m’aide à le nourrir », témoigne Binta Touré, éboueuse.

La décharge est également une source d’emplois informels pour certains chiffonniers inconscients des dangers qu’ils en courent. Enfants, hommes et femmes tous débout dès l’aube pour pouvoir récupérer le plus de déchets recyclables possibles.

« Je suis là depuis 5h et si je travaille bien aujourd’hui j’aurais de quoi nourrir ma famille pour deux jours », nous a confié Mamadou Kouma éboueur.

Etudiants, professeurs et vendeurs cohabitent avec les déchets.

Souvent les ordures sont brulées au même endroit amenant ainsi un nuage de fumée sur toute l’étendue de la colline.

« La fumée rend la respiration difficile, nous sommes obligés de nous enfermer dans des salles », témoigne Zoumana Traoré, étudiant à la Faculté des Sciences économiques et gestion de Bamako.

Les éboueurs véhiculés, et ceux en chariot d’âne sont les plus nombreux et sont souvent ceux qui causent les accidents et les bouchons.

« Avec la proximité, le vent amène les déchets dans la Faculté, et s’accrochent aux herbes mortes et y restent ainsi, ils rendent l’endroit malpropre », explique Maïmouna Maïga, étudiante en Droit privé.

Nombreux sont ceux qui souffrent de l’emplacement de cette décharge d’ordures, avec des odeurs nauséabondes qu’elle dégage. La cohabitation devient de plus en plus difficile.

« Ma place est plus visible à cet endroit, mais l’odeur que dégagent les ordures fait fuir beaucoup de mes clients », affirme Mariam Koné, vendeuse d’aliments sur la place universitaire.

Les habitants espèrent une réaction de la part des autorités face à cette triste situation.

Source: L’ Indicateur du Renouveau

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