Convention relative aux droits de l’enfant: Le Mali présente son rapport au comité des droits de l’enfant de l’ONU
Le Comité des droits de l’enfant a examiné, les 9 et 10 mai dernier à Genève (Suisse), le rapport présenté par le Mali au titre de la Convention relative aux droits de l’enfant.
Au cours de l’examen du rapport du Mali plusieurs questions des experts ont porté sur les points relatifs à l’éducation et la santé, la justice pour mineurs, le travail des enfants, l’enrôlement d’enfants dans des groupes armés et l’enregistrement des naissances. D’autres questions des experts ont également porté sur le fonctionnement du Parlement des enfants, la création d’une ligne téléphonique d’urgence pour les enfants, la prise en compte de l’intérêt supérieur de l’enfant et la lutte contre l’apatridie.
A toutes ces questions des experts sur le rapport du Mali, la délégation nationale conduite par le Ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Dr COULIBALY Mariam MAIGA a donné des éléments de réponses satisfaisants.
S’agissant du fonctionnement du parlement des enfants, la délégation a fait état de l’implication du Parlement des enfants dans la préparation du projet de loi sur la protection de l’enfant. Ce Parlement est opérationnel depuis sa création et ses bureaux national et régionaux seront renouvelés en 2024, a-t-elle ajouté, précisant que les parlements des enfants régionaux appliquent un plan national bisannuel.
L’avant-projet de loi sur la protection de l’enfant est en cours d’adoption ; il tiendra compte de l’apport de toutes les sensibilités dans le pays, a par la suite fait savoir la délégation. Le Mali se trouve dans un processus de mise en œuvre de la ligne d’assistance téléphonique aux enfants, a souligné la délégation.
S’agissant des questions d’environnement, la délégation a en outre mentionné les programmes de reboisement ainsi que de réduction des déchets et des émissions de gaz à effet de serre lancés par le Gouvernement.
La délégation a ensuite décrit les initiatives du Gouvernement destinées à améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle au niveau national. Le plan national dans ce domaine a notamment pour but de combler les difficultés saisonnières, a-t-elle expliqué. Il prévoit, entre autres, la création et la distribution de stocks de céréales, le renforcement des moyens d’existence et des transferts monétaires.
La délégation a indiqué que le plan d’action pour l’élimination du travail des enfants de 2011 n’avait pu être appliqué intégralement, faute de moyens notamment. Un nouveau plan portera sur la période 2023-2027, a-t-elle fait savoir. Le Mali s’est engagé à mettre fin au travail des enfants dans les sites d’orpaillage, qui est considéré comme l’une des pires formes de travail, a souligné la délégation. Les autorités mènent des activités de prévention et, si nécessaire, procèdent au retrait des enfants en danger, a-t-elle indiqué. Les efforts ont permis d’améliorer considérablement la situation, a-t-elle assuré. Les sites situés dans les zones d’insécurité échappent certes à l’action de l’État mais, avec l’amélioration de la sécurité, il envisage de mener des actions dans ces sites, a ajouté la délégation.
Concernant les questions relatives à la santé, la délégation a notamment indiqué que, pour réduire le nombre de grossesses non désirées parmi les adolescentes, le Gouvernement misait sur des démarches de sensibilisation et de planification des naissances. Le Gouvernement applique en outre des actions de sensibilisation auprès des enfants pour lutter contre la consommation de tabac et de stupéfiants.
Par rapport à l’enrôlement d’enfants dans des groupes armés ; la délégation a confirmé que cet acte est considéré comme un crime de guerre. Les enfants sortis des groupes armés sont aidés à refaire leur vie par le biais de la réintégration scolaire et professionnelle, a-t-il d’autre part été précisé. Le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration des anciens combattants a été momentanément suspendu après le départ de la MINUSMA, mais ses structures ont été préservées, a indiqué la délégation. Le processus sera poursuivi et élargi, a-t-elle assuré.
A la fin de ces questions-réponses, Mme MIKIKO OTANI a salué l’élaboration ou la mise en œuvre, malgré les difficultés que rencontre le pays, des mesures en faveur des droits de l’enfant citées par la délégation, et s’est dite intéressée à en connaître l’aboutissement. L’experte a aussi jugé positifs la coopération du Gouvernement avec la société civile et les organisations internationales, et l’accent mis sur la décentralisation et la délégation des compétences des pouvoirs publics en matière de protection des droits de l’enfant.
Mme COULIBALY Mariam MAIGA, Ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, a dit apprécier toutes les observations, recommandations et propositions du Comité. Elle a insisté sur le fait que son pays était une société patriarcale teintée de modernisme, dans laquelle la femme participe, avec son mari, aux prises de décision en vue de protéger l’intérêt de l’enfant. La Ministre a par ailleurs estimé qu’il y avait une nuance importante entre l’article 10 de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant et l’article 16 de la Convention, le premier affirmant en effet que « les parents gardent le droit d’exercer un contrôle raisonnable sur la conduite de leur enfant ». La Ministre a enfin mis l’accent sur le fait que beaucoup d’efforts étaient actuellement consentis pour faire adopter le projet de code de protection de l’enfance en concertation avec toutes les parties prenantes, en particulier les organisations non gouvernementales, ainsi que pour améliorer la qualité de l’éducation.
Il faut signaler qu’au cours du dialogue, ont notamment été jugés positifs la coopération du Gouvernement malien avec la société civile et les organisations internationales, et l’accent mis sur la décentralisation et la délégation des compétences des pouvoirs publics en matière de protection des droits de l’enfant. Ont en outre été salués les efforts du Mali en matière de justice pour mineurs, en particulier l’introduction de la médiation pénale. L’adoption d’une loi sur l’inclusion sociale, qui élargit les critères d’accès aux services de protection sociale pour les enfants et permet les transferts monétaires, est une mesure qui va manifestement dans la bonne direction, a-t-il également été observé.
CCOM/MPFEF