ANSONGO : L’APPAREIL JUDICAIRE DE PROXIMITÉ DE RETOUR AUPRÈS DES POPULATIONS
Le 19 avril dernier, le cercle d’Ansongo a vu se tenir dans la salle de conférence de la préfecture, une audience foraine, présidée par le juge de paix à compétence étendue de céans. Une première depuis huit ans, rendue possible à la faveur d’une mission facilitée par la section des affaires judiciaires et pénitentiaires de la MINUSMA du 19 au 22 Avril dernier.
La MINUSMA à travers sa Section des Affaires judiciaires et pénitentiaires (SAJP) ainsi que ses composantes Police des Nations Unies (UNPOL) et la Force, a soutenu les autorités judiciaires d’Ansongo relocalisées à Gao, pour une série d’activités dans le chef-lieu de cercle. Ladite mission qui s’inscrivait dans la mise en œuvre du projet d’amélioration de l’offre de service judiciaire, s’est traduite par une audience foraine, une session de sensibilisation sur la justice, la visite d’évaluation du palais de justice, de la police et de la gendarmerie de la commune rurale d’Ansongo.
Pour rappel, depuis la crise de 2012, la Justice de Paix à compétence étendue d’Ansongo est relocalisée à Gao où elle a repris ses activités en 2017. La tenue de cette audience est l’aboutissement d’un long processus de collaboration entre la SAJP de la MINUSMA, ses pénitentiaires et le Juge, depuis sa nomination en juillet 2019. Ainsi, au cours d’une cérémonie symbolique, présidée par l’adjoint du Préfet du Cercle d’Ansongo, les autorités administratives, intérimaires, municipales et traditionnelles ont salué l’initiative qui est nécessaire pour le retour de la paix à Ansongo. Pour eux, ce retour du juge donne un signal fort dans la lutte contre l’impunité, rendue difficile par l’insécurité ambiante.
Un enthousiasme partagé…
M. Almahmoud SOULEYMANE, adjoint au maire de la commune rurale d’Ansongo, pour marquer son enthousiasme, a salué la tenue de cette audience foraine qui selon lui : « permettra sans doute de gérer de nombreux dossiers, d’instaurer l’état de droit et de mettre fin à l’impunité dans notre cercle, voir au Mali. Les autorités communales et toute la population d’Ansongo soutiennent et accompagnent cette bonne action entamée qui contribuera à la diminution des actes de banditisme de tout genre. Je souhaite que l’audience foraine soit régulière car elle nous permettra de faire la paix à Ansongo ».
Ces propos ont été appuyés par ceux de M. Amadou Oumar KIDA, Préfet adjoint du Cercle d’Ansongo. « Votre présence en ce lieu, monsieur le juge, témoigne non seulement l’intérêt que vous portez à la sensibilisation du citoyen sur l’accès à la justice dans un contexte particulièrement marqué par une insécurité grandissante due en partie à votre absence. Je suis heureux que ce déplacement du juge d’Ansongo soit une occasion pour nous d’échanger sur les préoccupations liées à l’accès du service de la justice, afin de renforcer la paix, la cohésion sociale et la démocratie. Cette occasion permet aussi de renforcer la confiance des populations en la justice malgré la délocalisation du juge, » a déclaré M. KIDA s’adressant au juge, Mohomodou Oubeidoullahi MAIGA.
Mohomodou Oubeidoullahi MAIGA, Juge de Paix à compétence étendue du cercle d’Ansongo a, à son tour, exprimé sa gratitude et son engagement. « Je remercie la MINUSMA qui nous appuie depuis notre prise de fonction, à nous rapprocher du justiciable. Après cette audience foraine, j’aurai un débat ouvert avec vous, populations d’Ansongo, concernant l’accès à la justice et les difficultés que vous rencontrez avec elle ».
De premières actions menées…
De façon unanime, les autorités et les participant(e)s à cette activité à Ansongo ont salué l’initiative. Ainsi, El Moctar KABANGOU, vice-président de l’autorité intérimaire d’Ansongo se réjouit de ce qu’il qualifie d’« opportunité que la MINUSMA nous offre de rencontrer après 8 ans, notre juge de paix à compétence étendue d’Ansongo. Nous sommes tous convaincus que la justice fait peur mais le manque de justice fait beaucoup plus peur. Nous sommes ce matin avec notre juge pour renouer avec ses activités à défaut de les avoir quotidiennement, au moins, une fois par mois avec l’aide de la MINUSMA. Nous demandons l’accompagnement sans relâche des populations pour que le juge fasse mieux son travail qui contribue à notre quiétude, notre sécurité et notre vivre ensemble ».
Depuis la crise de 2012, c’est la première fois que les habitants bénéficient d’une justice de proximité. A cet effet, le juge de paix a traité trois dossiers d’hérédités. Par la suite, il a animé un dialogue interactif avec le public qui a été présent dans la salle de conférence de la préfecture. Le juge a répondu aux différentes questions concernant les difficultés qui entravent le retour définitif de la justice à Ansongo. Il a aussi échangé avec la société civile qui, tout en reconnaissant les défis sécuritaires, a plaidé pour le retour des services judiciaires à Ansongo. Au lendemain de l’audience foraine, le juge a effectué des visites de terrain à la Gendarmerie et à la Police d’Ansongo pour s’imprégner des conditions de travail de ces collaborateurs qui lui rendent compte dans son domaine de compétence. Il a constaté que ces forces de défense et de sécurité manquent de moyens de locomotion, une situation qui rend presque impossible, le transport des suspects à 100 km, à Gao, qui dispose d’une maison d’arrêt et de correction opérationnelle.