Alousseni Sanou, ministre de l’Economie et des finances, à propos des émissions de dette : « On est obligé de s’endetter pour assurer le développement du pays »
Invité sur le plateau de la télévision nationale, le ministre de l’Economie et des Finances, Alousséni Sanou, a réagi aux inquiétudes soulevées par certains Maliens sur les émissions de l’Etat malien pour lever des dettes. « Cet endettement est même nécessaire, aujourd’hui, pour assurer le développement du Mali », a-t-il déclaré.
Selon le ministre de l’Economie et des Finances, Alousséni Sanou, « les derniers chiffres de l’endettement du Mali étaient à peu près dans l’ordre des 5500 milliards de FCFA. Le taux d’endettement du Mali est dans les normes fixées au niveau sous régionale.
Aussi, a-t-il expliqué, « Quand les Etats se réunissent, ils doivent, comme dans le cas de la CEDEAO et de l’UEMOA, définir des critères de convergence, c’est-à-dire que chaque Etat tende, converge vers ces niveaux de ratios pour que vous puissiez continuer à être un élément fort et important de notre système. Donc, ils ont déterminé 5 critères comme le taux d’endettement, le taux d’inflation, qui doivent être inférieurs à 3% de la masse salariale, sur le PIB, qui doit être inférieur à 35%, etc. Le taux d’endettement qui est prévu, doit être inférieur à 70% ».
Et le ministre Sanou de préciser, en ce qui concerne son taux d’endettement, « le Mali est à 51,6% attendu en 2024 et 50,7% en 2023, 53,9 % en 2022 ».
Dans la même dynamique, soutient le patron de l’hôtel des Finances, « l’endettement permet à un pays de se développer. Les pays occidentaux sont à peu près à 160, voire 200% du PIB. Vous savez pourquoi ? Parce que c’est l’endettement qui développe », a-t-il déclaré.
Et le ministre de souligner, « Tout le problème du sous-développement est un problème de ressources, tout le problème lié à croissance, à la recherche du développement est un problème de ressources. Un pays qui détient les ressources, il les injecte dans les secteurs stratégiques et il se développe. Mais, comment avoir ces ressources ? On fait appel à des bailleurs de fonds qui viennent, qui imposent des conditions. C’est pourquoi je disais tantôt qu’une fois qu’on a accès à nos ressources minérales, ce sont des ressources suffisantes pour nous permettre de relancer notre croissance pour le développement économique et social de notre pays ».
Par ailleurs, dira le ministre Sanou, « En attendant, on est obligé de s’endetter pour assurer le développement du pays. Les pays arabes sont autour du 100 à 110%, quand les pays africains UEMOA et CEDEAO se compriment à 70%. C’est pour dire comment ça va être difficile d’assurer une croissance avec ce taux, mais nous, nous sommes à 50% avec une tendance plus ou moins régulière entre 52%, 50%. Vous croyez qu’on est en train de s’endetter comme ça ? Notre endettement, nous sommes en train de faire un choix sur la durabilité, on fait un choix sur la rentabilité ou on fait un choix parce que c’est un projet qui touche aux secteurs sociaux de base dont les impacts viendront dans 20 ans dans 30 ans. Donc, le Mali n’est pas extraordinairement endetté ni par rapport à la sous-région ni par rapport aux capacités internes du Mali.
On n’est pas surendetté. Aujourd’hui, cet endettement est même nécessaire. Un pays qui veut se développer et avoir une certaine croissance a nécessairement besoin de s’endetter».
Concernant le secteur bancaire, le ministre de l’Economie et des Finances a reconnu que les banques ont des difficultés en termes de liquidités financières.
Selon le ministre Sanou, plusieurs facteurs peuvent expliquer cela. « La première chose est que la banque centrale a permis aux banques d’acheter des titres d’Etat, en se disant que chaque fois qu’une banque veut acheter un titre d’Etat de la zone UEMOA, elle est prête à lui assurer le financement par derrière. Il est arrivé que depuis un an, la BCEAO commence à resserrer la liquidité en tenant uniquement compte de la réalité actuelle alors ces banques continuent de détenir ces titres et la Banque centrale continue de réduire la liquidité. La Banque centrale commence à sentir des difficultés en termes de réserves d’échanges. Ce qui fait que l’une des mesures les plus simples à adopter c’est réduire la masse monétaire pour éviter les sorties importantes de devises. Malheureusement, ce n’est pas la bonne solution parce que nous sommes dans une période où toute la sous-région a besoin d’injection de liquidités. C’est la période d’octobre à mars où on a la campagne café, cacao, coton, hévéa, sucre, etc. Nous sommes dans une sous-région dont le moteur de la croissance est le secteur agricole. Donc, c’est la période où la BCEAO doit, au contraire, injecter de l’argent auprès des banques pour qu’elles financent la campagne pour que les différentes sociétés comme la CMDT ou autre compagnie du sucre puissent aller acheter et assurer le traitement industriel de ces produits pour les exporter », a-t-il suggéré.
Et le ministre de conclure : « On a demandé à la Banque centrale d’avoir une politique de place parce que ce que la place malienne a comme difficultés ce n’est pas la même chose que la place du Sénégal ou la place du Niger. Ça, c’est un. Deuxièmement, essayer de tenir compte de la campagne agricole, donc, de dégager une politique liée à cette activité et troisièmement faire une politique liée à la situation de crise de certains pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger qui font face à une crise sécuritaire immense ».
A D