Autonomisation des femmes rurales : La production du beurre de karité, une opportunité à saisir

Autonomisation des femmes rurales : La production du beurre de karité, une opportunité à saisir

Avec  52%  de la population féminine du Mali, les femmes rurales contribuent pour plus de 55,8% à la production agroalimentaire nationale. Leur autonomisation reste entravée par l’analphabétisme ; les difficultés d’accès à la terre, aux crédits, aux nouvelles techniques et technologies agricoles. L’optimisation des retombées économiques de la filière karité constitue  une opportunité pour atteindre l’autonomisation des millions de femmes maliennes vivant en milieu rural.

 

Le Mali détient le plus grand peuplement de karité d’Afrique de l’Ouest, soit environ les 2/3: 26 cercles couverts dans 5 régions du Mali. Les peuplements de karité sont estimés entre 183,600 000 et 408 607 769 pieds (Maïga et Kamissoko 1989) avec un potentiel de production de l’ordre de 250 00 0 tonnes d’amandes (WATH) en 2004. Les produits du karité occupent une place importante dans l’économie des ménages ruraux (environ 40%). Le beurre de karité joue un rôle prépondérant dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle en milieu rural. La production du beurre de Karité est une activité phare des femmes pendant la période de soudure principalement dans les régions de Sikasso, Ségou, Koulikoro et Kayes. A M’Pekelakoro, un village de la commune de Niéna et 85 km de Sikasso, 90% des femmes travaillent dans la production de beurre de Karité « Après l’hivernage, nous commençons la production du beurre de karité, qui comprend plusieurs étapes notamment le ramassage, le dépulpage, le lavage et la cuisson, le conditionnement, le décorticage, le broyage et l’extraction du beurre », confie Wassa Sangaré, une femme de plus de 70 ans, qui produit de façon artisanale le beurre de Karité depuis plusieurs dizaines années.

En 2019, le Mali a exporté 61. 993 tonnes d’amandes de karité contre 211 tonnes de beurre de Karité. Malheureusement la manne financière engrangée dans l’exportation du beurre de karité  ne profite pas aux femmes rurales, qui constituent le maillon essentiel de la chaine de production. « L’argent que nous gagnons dans la production du beurre de karité nous aide seulement à faire des petites dépenses familiales, à préparer  le mariage de nos enfants. La somme est insuffisante pour être investie dans d’autres secteurs. Ce qui fait qu’après la campagne nous rencontrons des difficultés financières dans notre vie quotidenne » regrette Wassa Sangaré.

Pour Awa Diallo, une autre habitante de  M’Pekelakoro, les problèmes auxquelles les femmes sont confrontées dans la production du beurre de Karité sont, entre autres, le manque de matériels pour la transformation et de moyen de conservation au niveau local. «  Depuis des décennies, nous produisons de façon artisanale le beurre de Karité. La modernisation de nos moyens de productions va forcément entrainer l’augmentation de nos revenus par conséquent notre autonomisation », affirme-t-elle.

Le gouvernement du Mali avec l’appui de certains partenaires cherche à optimiser les retombées économiques de la filière karité. C’est ainsi que le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille et la Banque africaine de développement ont initié le Projet d’autonomisation économique des femmes dans la filière Karité (PAEFFK), qui s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre  du « Programme d’appui à l’autonomisation des femmes dans la Chaine de valeur Karité au Mali » intitulé (Programme Karité), dont le document a été approuvé par le gouvernement par Décret n°2017-0394/P-RM du 03 Mai 2017. D’un montant de 4 440 830 000 FCFA, le PAEFFK vise à « renforcer l’autonomisation économique avec le karité et stimuler la croissance inclusive des femmes rurales » pour une durée de 5 ans. « Les femmes rurales sont les actrices principales sur cette filière (collecte des amandes et transformation primaire); les produits du karité procurent aux femmes rurales 80% des revenus annuels. Plus de trois millions de femmes sont actives dans les activités de collecte et de transformation en milieu rural », déclare la coordinatrice du PAEFFK, Mme Fabe Binta Bocoum lors du lancement officiel du projet le 15 octobre 2021, journée mondiale de la femme rurale.

Le PAEFFK, explique-t-elle,  profitera à 400 localités villageoises, touchant directement plus de 50 000 femmes rurales soit une population bénéficiaire indirecte de plus de 800 000 habitants dans les zones de production.

 

source : Info-Elles

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