Lutte contre l’esclavage : le ministre de la justice ordonne des sanctions
Au Mali, l’esclavage par ascendance reste un phénomène préoccupant notamment dans la région de Kayes. Hier jeudi 2 décembre, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la pratique de l’esclavage, des habitants des localités soninkés dans la région de Kayes ont rappelé leur souffrance à cause de ce phénomène. Le ministre de la justice assure que des mesures seront désormais prises.
« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits », selon la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Mais pour des motifs traditionnels, des habitants de certaines localités du Mali sont considérés comme des esclaves.
Dans la région de Kayes, les personnes qui refusent d’être traités d’esclavages sont victimes de mauvais traitements.
« Nous avons certains dossiers particulièrement sensibles en cette période. C’est la question par exemple de l’esclavage par ascendance. Des gens sont chassés de leur terre ou des terres qu’ils ont l’habitude de cultiver tout le temps pour leur survie faisant d’eux des déplacés internes », rappelle le ministre de la justice Mahamadou Kassogué. Il assure toutefois que des mesures sont déjà prises. Le ministre exhorte les procureurs généraux « à prendre des dispositions pour que des poursuites soient engagées pour tous les cas de violences physiques et d’atteintes aux biens exercées contre ces personnes surtout en considération de leur statut ».
Une nouvelle accueillie avec joie par les anti-esclavagistes
Les associations anti-esclavagistes ont salué cette décision du ministre de la Justice. Elles affirment que des avancées notoires ont été remarquées sur le terrain.
« Depuis l’envoi de la lettre circulaire du ministre aux procureurs de Kayes, la situation est calme là-bas », affirme Lassine Konaté.
« Tout le monde a eu peur », rajoute le porte-parole de l’Association Gambana. M. Konaté souligne également que les différentes rencontres leur ont permis d’avoir plus de compréhension sur les stratégies à adopter pour sensibiliser les militants de leur association.
A Oussoubidiangna, dans le cercle de Bafoulabé (région de Kayes) où le phénomène est récurrent, ces derniers temps, les autorités administratives affirment avoir pris des dispositions pour lutter contre les violences liées à l’esclavage.
« À notre niveau, l’administration est l’oreille et les yeux de l’État », indique le sous-préfet d’Oussoubidiangna, Bemba Tounkara.
Il estime que « la loi doit sévir, pour réprimer, pour poursuivre tous les auteurs, tous les complices des actes relatifs à la promotion de la pratique de l’esclavage ».
Rappelons qu’en octobre dernier, plus de 37 personnes avaient été interpellées à Bafoulabé. C’était suite aux affrontements entre pro et anti-esclavagistes survenus le 29 septembre 2021 à Souroubiré, cercle de Bafoulabé.
La répression juridique doit rimer avec la sensibilisation
La Commission nationale de défense des droits de l’Homme (CNDH) se réjouit de l’ordonnance du ministre de la justice aux Procureurs généraux de la Cour d’appel d’engager des poursuites contre les esclavagistes. Toutefois, la CNDH invite les autorités à préconiser la sensibilisation afin que les esclavagistes changent de comportement.
Studio Tamani