Migration : le calvaire des femmes mariées à distance
Le mariage est un acte solennel par lequel un homme et une femme établissent entre eux une union dont les conditions sont régies par des dispositions juridiques en vigueur. De nos jours cette union est en train de perdre son sens à cause du mariage à distance qui prend une allure inquiétante.
Poussées par leurs familles, voire des amies, beaucoup de jeunes filles pensent qu’en convolant en noces heureuses avec les aventuriers elles n’auront pas de soucis financiers ni matériels.
Elles n’ont pas vu leur mari depuis des années (deux, quatre… voire dix ans). Mariées à des hommes partis en Occident pour la plupart, des milliers de femmes passent des années sans voir leurs maris. Elles doivent gérer la pression familiale, le manque d’argent et l’absence d’affection matrimoniale.
En pleure Mariam témoigne son calvaire. « En dix ans de mariage, nous n’avons vécu que quatre mois ensemble. Sans cette séparation, combien d’enfants aurions-nous pu avoir ? Combien de choses aurions-nous pu faire ? »,s’interroge-t-elle.
C’est avec beaucoup d’amertume que Mme Sylla explique son désarroi. « Mon fils à trois ans. Son père qui n’a pas de papier ne l’a jamais vu. Il ne peut pas prendre le risque de venir au pays. En attendant ce sont des heures d’appel quotidien et d’envoi des vidéos de la vie d’ici maintiennent le lien », se désole-t-elle.
Quant à une autre femme dont le mariage religieux a déjà eu lieu, elle regrette de n’avoir jamais ni vu ni rencontré son mari. « Cinq années de mariage déjà, on ne fait que des appels vidéos. Parfois il m’envoie des petits cadeaux pour me rassurer mais c’est très difficile de maintenir cette relation. J’ai des besoins naturels. Cela ne peut plus continuer », se plaint elle.
Meme s’il y a des femmes qui préfèrent résister face aux tentations, nombreuses sont celles qui manquent de patience dans l’attente de leurs conjoints. Pour corroborer ces propos l’une de nos interlocutrices ne cache pas ses intentions. « Chaque deux ans mon mari ne vient que pour passer un ou deux mois, mais cela ne me suffit pas. Je suis donc obligée de me trouver un amant », reconnait notre source qui a préféré gardant l’anonymat.
Femme d’aventurier, Djenebou profite souvent des weekends pour inviter l’un de ses amants à un endroit calme, situé dans les périphéries de Bamako. « Je ne peux pas quitter ce mariage parce que mon mari c’est mon cousin. Je fais ce que je veux en attendant qu’il trouve ses papiers», assume-t-elle.
De nos jours, le mariage perd de plus en plus sa sacralité. Au regard de nombreux couples, surtout ceux des aventuriers qui sont séparé par des centaines ou milliers de kilomètres, le trajet est cheminé d’autant d’épreuves et de regrets.
H D.