« Destitution » de Choguel à la présidence du CS-M5-RFP : Le ministre de l’Administration territoriale saisi de la décision
Alors que les coalitions ou regroupements politiques au Mali ne sont régis par aucune base juridique, la tendance de l’imam Oumarou Diarra, après avoir décidé de la «révocation» de Choguel Kokalla Maiga, actuel Premier ministre, de la présidence du Comité stratégique du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques (CS-M5-RFP) a saisi, en ce début de semaine, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation de leur décision.
« L’imam Oumarou Diarra est nommé président intérimaire jusqu’à nouvel ordre », précise cette tendance du M5-RFP dans lettre adressée au ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, le colonel Abdoulaye Maïga, avec ampliation le président de la transition, le colonel Assimi Goita.
Mais, certains observateurs s’interrogent sur la valeur juridique ou base légale de cette saisine officielle par rapport à la « destitution » du président du Comité stratégique du M5-RFP.
En effet, soutiennent-ils, le M5-RFP, étant un regroupement de partis et d’associations politiques, n’est régi par aucune loi, encore moins par la Charte des partis politique au Mali. Les regroupements politiques au Mali sont régis seulement par des « Déclarations et des statuts » auxquels chaque membre signataire s’accorde à respecter tant qu’il reste membre. « A la différence des partis politiques créés sur la base de récépissé délivré par le ministère de l’Administration territoriale, et dont les contentieux peuvent être tranchés par la loi, les regroupements politiques, comme le M5-RFP, se forment et se disloquent sans pourtant une intervention de la loi », argumente un analyste.
Par conséquent, souligne-t-il, « on est fondé à croire que cette lettre adressée aux autorités militaires par la tendance M5-RFP de l’imam Oumarou Diarra aura moins d’impact sur le plan légale sur Choguel Kokalla Maïga ».
Par contre, sur le plan politique, la saisine aura des retombées négatives sur le président du Comité stratégique « déchu », puisque c’est grâce à ce poste de président du M5-RFP que Dr Choguel Kokalla Maïga est devenu Premier ministre de la transition, en mai 2021.
Les alliés politiques militaires du M5-RFP pourront profiter de cette crise pour se débarrasser de Choguel Kokalla Maïga, devenu « de plus en plus encombrant », selon certaines sources. En tout cas, sa « destitution » et l’absence de consensus qu’il fait l’objet aux yeux de la classe politique pourront être un « argument de poids » pour l’éjecter de la Primature.
Par ailleurs, l’intéressé, lui-même, soupçonne « des militaires d’être à la manœuvre au sein de mouvement pour l’affaiblir afin qu’il se rende ».
Mais, en attendant la réalisation d’une telle éventualité, Choguel continue à se considérer comme le « président légitime » du M5-RFP. Son statut de Premier ministre, plus que jamais menacé, n’empêche pas de continuer à bénéficier de la confiance du Président de transition.