Brouille diplomatique entre le Mali et l’Alger : Me Cheick Oumar Konaré prône l’apaisement
Lors de son passage sur un plateau d’une Télévision de la place, Me Cheik Oumar Konaré, avocat et chroniqueur politique, s’est exprimé sur la situation tendue entre Bamako et Alger. Il reproche à l’Algérie d’être en train « de ne garder que ses intérêts » et demande aux autorités maliennes « de prendre souvent le chemin du réalisme » malgré leur raison compte tenu les moyens du pays.
En effet, Me Konaré a rappelé pourquoi l’Algérie aurait intérêt à ce que le Nord du Mali reste démilitarisé.
« L’Algérie à trois préoccupations actuelles par rapport au Mali : premièrement, c’est le fait que l’Algérie avait transformé, depuis des années, le Nord du Mali, principalement la région de Kidal, en un déversoir de ses propres terroristes et trafiquants. Deuxièmement, l’Algérie n’aime pas du tout voir émerger à ses frontières une puissance militaire. Elle n’a jamais gobé le fait que la France se soit installée à ses frontières. Donc, elle était en train de tout mettre en œuvre pour que la France ne prospère pas dans cette stratégie. Et aujourd’hui, l’AES est en train de se constituer avec des effectifs allant jusqu’à 100 000 soldats avec le soutien de la Russie. L’Algérie considère qu’une nouvelle forme d’opposition militaire est en train de s’installer à sa frontière. Troisièmement, c’est que le Roi du Maroc a décidé de relier les pays du Sahel à une nouvelle force à l’Atlantique, ce qui serait une menace pour l’économie Algérienne ».
Et de poursuivre : « C’est pour toutes ces raisons que l’Algérie a lancé un avertissement au Mali en recevant en Alger des groupes armés qui en réalité sont opposés à l’Etat du Mali, sans même l’informer ».
Aussi, a fait savoir Me Konaré, il n’y a d’autres façons de s’y prendre que la réplique de guerre sachant bien que l’Algérie est notre grand voisin.
« J’ai proposé l’intermédiation de la Russie, car il ne faut pas tout répondre avec le cœur vu que nous sommes en position de faiblesse, mais plutôt la négociation et la diplomatie », a-t-il recommandé.
Par ailleurs, dans son intervention, Me Konaré a persisté sur le fait que le Mali aurait pu activer la Russie sans que le grand public ne soit au courant.
« L’Algérie est très liée à la Russie et l’écoute permanemment pour empêcher l’Algérie d’emprunter une telle voix, pour négocier même cette affaire de lieu de passage des trafiquants, ce qui est une affaire de diplomatie et de service de renseignement », soutient-il.
Et poursuivre, « Dommage qu’on ait choisi la voie de la confrontation ouverte et je crains que ça n’aille trop loin ».
Il a aussi rappelé que l’Algérie n’a pas les mêmes scrupules que la France.
« L’Algérie est tenue par des militaires qui font tout genre de trafic au Nord. Donc l’Algérie n’hésiterait pas à nous déclarer une guerre pour protéger ses intérêts là. C’est pourquoi le Mali doit essayer de pacifier ce front, car aujourd’hui, nous n’avons pas besoin d’un nouveau front », dira Me Cheik Oumar Konaré. Et d’expliquer « après avoir combattu le terrorisme chez lui pendant 10 ans, l’Algérie a trouvé un moyen qui consistait à les chasser vers le Nord du Mali où il n’y avait pas l’Etat malien ; ces terroristes vivaient de trafics divers et circulaient librement du Nord du Mali jusqu’en Europe ce qui permettait à l’Algérie de boucler ses propres frontières et d’échapper aux activités des terroristes ».
Pour Me Konaré, «Aujourd’hui, l’Algérie voit un très grand danger dans le fait que le Mali ait reconquis Kidal et qui sera gouverné comme les autres régions du Mali. C’est extrêmement dangereux pour la sécurité de l’Algérie, vu qu’elle ne voulait pas une puissance militaire à ses frontières d’où son agissement. Donc, c’est au Mali de jouer à la diplomatie », a recommandé Me Konaré.
F D